Bonjour à toutes et à tous, aujourd’hui nous remontons le temps sur les traces des poissons-scies en Guyane et dans les Antilles.
La présence historique de ces raies est visible à travers les témoignages disponibles dans les archives et musées mais parfois également dans la culture traditionnelle.
En Guyane ce sont des traces écrites qui témoignent d’une présence de longue date, puisque dès 1652, Antoine Biet dans son ouvrage, “Voyage de la France équinoxiale” écrit : “Le costé de Mahury en est fort peuplé, Le sieur le Vendangeur en a beaucoup pris”. On retrouve également mention du poisson-scie dans le livre de J. Jonhson en 1796 par un dessin représentant l’Île du Grand Connétable et celui d’un poisson-scie.
Dans les Antilles les traces historiques sont plus rares. Néanmoins, dans un bulletin du muséum national d’histoire naturelle de janvier 1939, il y est fait l’inventaire d’un spécimen entier de 76 cm. Ce dernier a été collecté au début du XIXe siècle et est mentionné pour la première fois par Auguste Duméril en 1865 dans son ouvrage « Histoire naturelle des poissons, ou, Ichthyologie générale ».
Plus récemment, Joseph Puyo, en 1949, écrit dans son livre “Poissons de la Guyane Française” qu’il est fréquent de retrouver des poissons-scies dans les filets de pêche, s’appuyant sur les observations plus anciennes de Pellegrin (1908) et Plagios (1841). Il relate en particulier un échouage en 1929 sur la vasière derrière l’hôpital militaire de Cayenne, où un poisson-scie commun de 600 kg et d’une longueur de près de 5 mètres avait été retrouvé à marée basse.
J. Puyo émet déjà à l’époque l’hypothèse que ces poissons viennent se reproduire dans les eaux saumâtre tout le long du littoral. En effet, il écrit : “ nombreux sont les «scies» de très petite taille qui sont capturées dans les «courtines» et même dans les «sennes”.
De plus on notera une confirmation de la présence des deux espèces P. pritis et P. pectinata avec une connaissance relativement fine de de leur écologie attribuant déjà une différenciation spatiale entre l’habitat estuarien et fluvial plus propice au poisson-scie commun alors que le poisson-scie tident était connu pour fréquenter les eaux plus côtières.
Ces divers témoignages nous montrent que les poissons-scies ont toujours été présents en Guyane et dans les Antilles, malheureusement ils se font de plus en plus rares.
Selon les évaluations IUCN, les poissons-scies (5 espèces) étaient présents dans les eaux côtières de 90 pays et territoires. Au cours du siècle dernier, leur répartition géographique a fortement diminué. Par exemple, le poisson-scie tident (Pristis pectinata) se trouve maintenant dans moins de 20% de son aire de répartition historique. À l’échelle mondiale, les poissons-scies sont désormais totalement absents de 20 pays et 43 pays ont perdu au moins une espèce.
Réagissons ensemble pour inverser cette triste tendance !